Candidature de Mme Thelma Krug à la Présidence du GIEC
English Español Português
Dr. Thelma Krug
Candidate brésilienne à la Présidence du GIEC
Chercheure titulaire retraitée de l’Institut national de Recherches spatiales (INPE – Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais), rattaché au ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation (MCTI). Mathématicienne de formation, elle possède un doctorat en statistique spatiale de l’université de Sheffield, Royaume Uni.
Élue à l’une des trois vice-présidences du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour le 6e cycle d’évaluation du Groupe (d’octobre 2015 à juillet 2023). Auparavant, elle a été l’une des deux co-présidentes de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre (TFI) du GIEC, de 2002 à 2015.
Elle a été secrétaire adjointe auprès du Secrétariat aux Politiques et Programmes de Science et Technologie du ministère de la Science et de la Technologie, de 2001 à 2003, secrétaire nationale au Secrétariat au Changement climatique et à la Qualité environnementale du ministère de l’Environnement (MMA – Ministério do Meio Ambiente), de 2007 à 2008 et directrice du Département des Politiques de lutte contre la déforestation, au sein du MMA également, de 2016 à 2017.
Pendant plus de 15 ans, elle a représenté le Brésil lors des négociations internationales dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, pour les thèmes liés à l’utilisation et au changement d’affectation des terres, aux forêts, aux inventaires nationaux de gaz à effet de serre, à la recherche et à l’observation systématique, entre autres. Ses principaux domaines d’intérêt sont le changement climatique et la déforestation, la dégradation des forêts et le changement d’affectation des terres, REDD+ ainsi que les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
Depuis 2020, elle préside le Groupe d’experts des observations terrestres pour l’étude du climat du Système mondial d’observation du climat (SMOC) de l’Organisation météorologique mondiale. En janvier 2022, elle a été nommée membre du Conseil supérieur de la Fondation de soutien à la recherche de l’État de São Paulo (FAPESP – Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo).
_________________________________________________________________________________________________________________________
Vision pour le prochain cycle d’évaluation
Ma participation en tant que membre du Bureau du GIEC à trois cycles d’évaluation, à partir de 2002, m’a permis d’accumuler une vaste expérience de la production scientifique mondiale sur les changements climatiques. Le sixième cycle (AR6), qui s’achève en juillet 2023, a été le plus ambitieux depuis 1988, avec trois rapports spéciaux, les contributions des trois groupes de travail, une mise à jour méthodologique des Lignes directrices 2006 pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre, et un rapport de synthèse. Il va sans dire qu’un tel niveau d’ambition a été accompagné d’importants défis et de nombreux enseignements, qui feront l’objet d’un rapport du Bureau sur les enseignements tirés pendant le Sixième cycle d’évaluation, qui sera présenté lors de la 59e Session plénière du GIEC, en juillet 2023. On attend du Groupe et de son secrétariat, ainsi que du prochain Bureau, des Unités d’appui technique, des co-présidents et des membres des Conseils des groupes de travail et de l’équipe spéciale, sans oublier les auteurs et réviseurs-éditeurs, qu’ils assimilent et enrichissent par la suite les expériences positives, et cherchent les moyens de surmonter les difficultés qui persistent.
Le cycle actuel a permis de réaliser des progrès significatifs sur plusieurs fronts, et il faut souligner notamment l’initiative visant à créer un groupe de travail sur le genre en mars 2018, afin de définir des objectifs et des actions pour améliorer l’équilibre des genres et aborder les questions liées au sujet au sein du Groupe. Cette initiative a évolué vers une politique du GIEC sur le genre et un plan de mise en œuvre approuvé lors de la 52e Session, qui a identifié des actions, des tâches et des responsabilités. Une équipe d’action sur le genre a également été mise en place, présidée par Ko Barret et avec ma participation en tant que vice-présidente. À partir des résultats d’une recherche actuellement en cours sur la diversité, l’équité et l’inclusion pendant l’AR6, cette équipe devrait fournir des éléments à prendre en compte dès le début du prochain cycle.
Un autre sujet ayant progressé de manière significative est celui de la communication, facilité par la production de supports adaptés aux différentes parties prenantes, tels que des vidéos spécifiques sur chacun des groupes de travail, des synthèses régionales et des événements de sensibilisation (outreach) qui ont eu une grande répercussion dans diverses régions du monde en développement. Si les points focaux nationaux, les médias et le milieu universitaire ont été le public prioritaire de ces événements, la génération qui sera à la tête de processus décisionnels dans un avenir proche constitue une importante cible à atteindre et à impliquer. L’inclusion de jeunes scientifiques dans divers chapitres des derniers rapports a montré que ce segment possède un énorme potentiel et une grande motivation à contribuer, bien que leur participation active ne fasse pas encore partie des procédures du Groupe, et méritera certainement une attention particulière lors du prochain cycle.
La vitesse à laquelle la littérature scientifique pertinente évolue représente, quant à elle, un autre défi. Son offre croissante exigera des efforts pour assurer un plus grand accès aux publications, ce qui n’est pas toujours possible, en particulier dans les pays en développement. Parallèlement, il est important de remarquer que des publications sur d’autres supports, qu’ils soient universitaires ou liés au secteur privé, même lorsqu’elles ne sont pas examinées par des pairs (peer reviewed), peuvent être une importante contribution au processus d’évaluation, à condition qu’elles respectent les procédures du GIEC.
Assurer une bonne intégration entre les trois groupes de travail et une participation accrue de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre sera fondamental pour la cohérence des travaux lors du prochain cycle d’évaluation. Il a également été constaté qu’il était nécessaire de renforcer et d’améliorer la coordination avec d’autres communautés scientifiques internationales, en particulier celles concernées par des évaluations scientifiques sur des thèmes liés au climat, telles que l’OMM et le PNUE, dans le but d’une harmonisation accrue des concepts et des définitions.
En m’appuyant sur les enseignements tirés, ma priorité sera, si je suis élue, de promouvoir un environnement de travail dynamique, constructif et basé sur la confiance en toutes les instances du GIEC, qui soit inclusif et promeuve la diversité. Ce sont là des aspects que je considère fondamentaux pour un nouveau cycle fructueux d’évaluation scientifique sous l’orientation des États membres.